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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 00:56

Moi

 

 

 

J’ai longuement discuté ce 12 décembre avec un Sensei qui travaille sur les Arts Martiaux dans le milieu des handicapés. Il fut un temps où nous proposions l’Aïkido à des enfants qui étaient frappés de la Poikilodermie (maladie génétique rare) et qui étaient sans aucun repère en dehors de leurs familles et de notre Dojo. J’ai servi de partenaire de Judo à des jeunes handicapés, déçus de ne pas recevoir la visite d’un grand judoka français (qui a manqué à sa parole) et pour qui, ils avaient fait un épuisant voyage par la route !

 

Plus récemment, je me suis rendu en Australie pour participer avec de nombreux autres instructeurs, enseignants et pratiquants d’Arts Martiaux, à la Lutte contre le Cancer (http://youtu.be/y6Ye26edULk). En Allemagne, avec d’autres Sensei Français, Anglais et Allemands ou Suisses, nous soutenions l’organisme qui aidait le combat des enfants atteints de cette terrible maladie. Nous l’avions fait aussi en Belgique et nous avions soutenu la Ligue contre le Cancer de Corrèze de nombreuses années, sans oublier le Téléthon.

 

Aucun mérite de notre part, hormis la présence de mon frère aîné qui luttait lui-même contre le Cancer comme notre amie Wendy luttait à Melbourne. Et ces enfants, fragiles, ces personnes en manque d’autonomie.

 

Cette conversation m’a interpellé. Comment se dire « Budoka » et laisser de côté le « Bushi No Nasake » ou bonté du guerrier ? Quand je lis des commentaires ou survole certaines vidéos, assez violentes au sujet des arts martiaux et surtout en Aïkido qui reste ma discipline majeure, je me pose bien des questions. Et en particulier, ne pouvons nous pas imaginer les arts martiaux « autrement » ? 

 

Ne pouvons nous pas ouvrir nos dojos à ces personnes sans devoir supporter les tracas administratifs qui vont mettre en avant nos capacités médicales ? Faut-il être médecin pour permettre à un malade du cancer, à un handicapé physique, à une personne sous forte dépression, à une autre atteinte d’Alzheimer, de venir parmi nous ? Ne pouvons nous pas les aider, moralement, socialement, avec ce que nous prônons sans cesse : le « Kokoro », le cœur ? Faut-il pour cela avoir les sacrements des hautes sommités fédérales agréées ? Ont-ils le temps, l’envie, le courage de le faire ? Sans doute le faire faire ….

 

Posons nous la question de savoir ce qui était important, et qui ne l’est plus aujourd’hui, pour ceux qui sont atteints de ces maladies terribles. Je réalise que ma vie est courte, que le 19 janvier prochain, j’aurai 59 années de pratiques martiales, que pour le moment je suis autonome mais que je peux me retrouver comme eux. Je répète souvent à mes élèves de travailler comme si cela était mon dernier jour d’enseignement, leur dernier jour d’étude, tels les samuraïs qui se préparaient au combat, portant leurs plus beaux atours, écrivant un poème et se parfumant pour que leur vainqueur ne soient pas incommodé en leur coupant la tête.

 

Ces maladies ne remettent pas en cause ce qu’ils ont au fond d’eux-mêmes. Ils sont sans doute gênés par un handicap, par une faiblesse de leur corps, mais il n’y a que cet aspect extérieur qui est atteint. Ils sont capables de souffrir, de se battre, de nous montrer ce qu’est le courage, la force de caractère, la volonté de se dire « Non, rien n’est encore terminé pour moi, je peux affronter n’importe qui, n’importe quoi, je ne crains rien ni personne et si je perds, ce sera quand je l’aurai décidé ». Mon frère l’a fait. D’autres que je connais l’ont fait et le feront. Soyons présents pour les soutenir.

 

Imaginez un dojo avec un cours réservé à des élèves affrontant les malaises d’une chimio, luttant contre les douleurs inévitables d’une mastectomie ou encore se déplaçant maladroitement. Imaginez un kata de karatedo se terminant par un Kiai puissant, vidant les tripes de leur peur ! Des aïkidokas optimisant leur énergie dans un kokyu sans retenue ? Des judokas combattant au sol dans un assaut mutuel digne des plus grands ? Ils se battent contre leur propre peur.

 

Je vous laisse réfléchir en cette période qui se veut plus gaie, mais qui vous offre aussi l’opportunité de prendre de bonnes résolutions, de sortir du cadre sportif généralisé pour pénétrer celui de la compassion, de la bonté, de l’humanisme.

 

Pour ma part, cela fait de nombreuses années que je me consacre à montrer les arts martiaux autrement, loin des pouvoirs politiques, des tracasseries fédérales, des besoins de reconnaissance au point de vendre son âme. Vous n’avez besoin que d’une chose : comprendre les vertus du Bushido, du Budo. Mettre les personnes sur la Voie, débuter correctement le chemin (c’est le plus important), leur faire comprendre les vraies valeurs du Budo, là devrait se trouver notre objectif..

 

Le chemin est long, difficile, plein d’embûches, de sacrifices, mais comment se dire aïkidoka, judoka, karateka, sans vouloir le suivre ? Je suis certain que nous sommes nombreux à partager cet esprit. Ceux qui ne le peuvent pas encore, il nous faut les encourager, qu’en dites vous ? Faisons le ?

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