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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 15:29

Mitsunari-KANAI--1938-2004-.jpg

Mitsunari KANAI Sensei (1938-2004)

 

 

Le Hakama … vêtement souvent considéré à tort par les shugyoshas comme une première étape à leur vie dans les arts martiaux, est tout simplement, pour ce qui me concerne, le symbole d’un engagement, loin de toute hiérarchie, de toute honorabilité shogunale primaire, de prétention guerrière ou de symbolisme martial.

 

Depuis des siècles, le hakama n’a eu de cesse d’évoluer, les plis, les couleurs, les formes, la longueur des liens … Il est bien connu qu’il était obligatoire d’avoir un hakama très long, trainant par terre, empêchant un déplacement rapide, pour rencontrer l’Empereur, le Shogun. Question de sécurité pour ce dernier. S’il était réservé à la haute société japonaise, il se généralise rapidement pour être porté tant chez les lettrés que chez les paysans en passant par les commerçants. Porter un hakama, en combat réel, serait plus un handicap qu’autre chose. Certains disent que c’est pour cacher le déplacement des pieds ? Regardez les vieux films, les gravures … les hakamas sont attachés et laissent voir les pieds ! Pour expliquer des techniques, certains sensei remontent leur hakama sur les côtés. Je le fais souvent pour montrer les placements des pieds.

 

Ceci dit, dans bien des disciplines martiales anciennes ou modernes, le hakama est obligatoire pour tous, dès le début, car seul un simple « fundoshi » - comparable au string actuel, eh oui - est porté sous celui-ci ! Vous vous imaginez venir plier votre hakama sur le tatami en string ? De vous rendre du tatami aux vestiaires dans cette tenue ? Bon, il est vrai que nous gardons, pour la plupart, le pantalon du keikogi sous le hakama. C’est rassurant. Cela évite les remarques désobligeantes ou les fou-rires !

 

Pour les aikishugyoshas, il faut aussi savoir que O Sensei Morihei UESHIBA était catégorique sur le port du hakama que tout le monde devait porter car celui-ci n’était pas la reconnaissance d’un grade ! Il laissa cependant le choix aux élèves de pratiquer avec ou non, jusqu’à ce qu’il puisse en acheter un. Il faut dire qu’après guerre, les temps étaient difficiles, comme partout. Les occidentaux crurent alors qu’il s’agissait d’une question d’ancienneté ou de grade, mais en fait, c’était tout simplement une question financière !

 

Mitsugi Saotome Sensei n’oblige pas à porter le hakama dès le début également pour une raison de coût. Il dit aussi que quand il était élève, les élèves portaient les hakama de cérémonie des parents, de toutes les couleurs. Le port du hakama n’obéit à rien de rigide (hors directives écoles) mais sur simple décision du sensei. Le porter pour passer le Shodan ? En ce cas, il faudrait déjà commencer à savoir bien avant comment le mettre et le « porter » en travail, comment le plier, comment saluer avec en seiza, etc … Il faut aussi savoir que pour les femmes, le hakama est aussi une question de « correction ». En effet, le keikogi est considéré comme un sous-vêtement. Indélicat pour une femme …

 

Alors, le Hakama, but premier, médaille de satisfaction, égocentrisme ? Non, mais cela ne doit pas être considéré non plus comme un simple vêtement traditionnel et le considérer comme une finalité serait une grosse erreur.

 

Au Honbu Dojo KOBUKAN de la SHINGITAI Ryu, je dis à mes élèves qu’ils sont libres de le porter (raison financière) dès qu’ils savent « rouler, chuter, se déplacer correctement ». Je précise cependant que le port du hakama n’est pas restreint par la crainte de ne pas faire honneur à mon enseignement, à l’Académie. Porter le hakama s’apprend également comme toute chose. Mais il est aussi et surtout, une obligation à donner le meilleur de nous-mêmes, à nous rappeler nos engagements envers la discipline, l’académie SHINGITAI Ryu et nos anciens. Porter le hakama est une simple étape, une responsabilité envers le dojo et soi-même. Porter le hakama c’est aussi faire preuve d’une certaine humilité, de la volonté de poursuivre et persévérer sur la voie que chacun de nous a librement consenti.

 

C’est pourquoi, je ne peux admettre du porteur d’un hakama qu’il dise par exemple qu’il « a fait le tour de la discipline et qu’il n’a plus rien à apprendre ». Ou encore, « il m’est facile de contrer cette attaque car là, il fait ceci ou cela et moi je peux faire ceci ou cela » …. Le pire : « je ne travaille pas avec ceux qui sont sans hakama, ils ne connaissent rien et je perds mon temps » !

 

C’est le risque encouru quand certains semblent développer un Ego, n’ont rien compris ou veulent partir sur d’autres chemins pour toutes sortes de raisons personnelles. Comme je le dis souvent à mes élèves « S’il vous plaît, si mes cours ne vous plaisent pas, aller voir un autre sensei, mais ne dites jamais que vous avez fait le tour du sujet ! J’ai 52 années de pratique aïki et je n’en aurai jamais fait le tour. »

 

Alors, le Hakama dès le début ? Comme je le disais plus haut, quand un aikishugyosha sait rouler, chuter, se déplacer correctement - je n’ai pas dit parfaitement - il pourrait porter le hakama si son engagement est sincère, humble et respectueux. Il est aussi possible de faire des cours spécifiques à ce sujet. Comment le mettre, comment le plier, comment saluer en seiza, comment se déplacer en shikko, etc …. C’est ce que nous faisons au Honbu de la SHINGITAI Ryu. Des stages sont programmés sur le sujet.

 

Mais restons surtout simples …. Rien à voir avec l’honorabilité, les grades, les acquits supérieurs, avec un but à atteindre restrictif, l’autosatisfaction. Porter le hakama reste tout simplement un engagement de l’élève envers son sensei et ce qu’il enseigne, de sa capacité à suivre le chemin qu’il montre et qui n’est qu’une infime part de l’univers des arts martiaux.

 

Dernier point : inutile d’acheter un hakama « haut de gamme ». Un bon hakama, en coton, d’un prix abordable et raisonnable, bien entretenu, peut durer des dizaines d’années. J’ai encore mon premier hakama acheté à Saigon en 1964 ! Il m’arrive de le prêter à des jeunes élèves. Désolé pour les marchands du temple !

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