Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 23:05

2009.19

 

 

En fait, il existe deux sortes de stages. Les « grandes messes » animées par un grand nom et quelques hauts gradés. Et les autres, plus modestes mais qui peuvent tout de même être dirigés par des personnes moins connues avec pourtant un charisme extraordinaire. Je vous donne ici mon analyse toute personnelle et que vous n’êtes pas obligés de cautionner.

 

Les « grandes messes ». Regardez les photos et vidéos. Que voyez-vous ? 250, 500, 900 stagiaires annoncés et, autour du Maître, souvent les mêmes têtes, les mêmes regards, les mêmes attentes, les mêmes prières. Je ne rentre pas dans les détails, même si parfois, ils font sourire. Il m’est arrivé d’assister à un stage où le Maître lui-même ne pouvait presque plus bouger du fait des « stagiaires » agglutinés autour de lui. Que peuvent donc apprendre ceux qui viennent suivre un tel stage ? Rien, car pour « voler la technique », encore faut-il pouvoir l’apercevoir. De plus, les « anciens » préfèrent rester entre eux ou encore entre habitués, ce qui est plus grave. Mais passons, c’est le choix de chacun.

 

Que peut en tirer un stagiaire? Une inscription sur un certificat de stage, une ligne remplie dans son passeport, la possibilité de dire « J’y étais » ! En dehors d’Austerlitz, je ne peux comprendre la gloire tirée. Mais ils ont fait des kilomètres, des heures de route, pour espérer cette gloire éphémère …. En fait, le « Maître » montre et n’enseigne pas. Il montre une ou plusieurs techniques, un chemin et c’est à vous de prendre quelque chose, de le suivre. Mais encore faut-il que vous le sachiez, que vous voyiez quelque chose et enfin que vous puissiez reproduire. Là, je doute. Vous pouvez à peine distinguer l’homme qui doit vous apprendre quelque chose. Mais vous y étiez !

 

Aussi, les « grandes messes » ne sont bénéfiques qu’aux groupes qui les préparent, commercialement. Elles sont sources de revenus, de publicités, de mise en valeur d’un groupe. J’irai même plus loin. Dans ce cas précis, je pense que c’est une insulte envers l’animateur qui n’est, en fait, qu’un objet de la structure organisatrice. Un « faire valoir ». Si elles sont initiées par l’intervenant lui-même, je pense que cela devient mercantile. Ils recherchent alors le « mérite existentialiste » et la rentabilité financière.

 

Les stages « humains ?  ». Ils permettent à un petit nombre de 30 à 100 stagiaires, d’apprendre, de toucher du doigt certains points précis d’une technique. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’animateur montre, démontre, explique et vous aide. Bien entendu, cela est moins prestigieux, cela rapporte moins en titres et grades, cela ne fait pas la une des journaux spécialisés ou des émissions télés ou des vidéos sur Internet. Mais vous apprenez et vous pourrez le perfectionner auprès de vos senseis respectifs. Bien plus enrichissant et aucun problème d’Ego surdimensionné. Ces stages ordinaires vous apportent un plus : un travail réel sur soi. Une connaissance des autres, le partage d’une discipline avec ce qu’elle possède de plus précieux. Ces stages sont pour moi, l’idéal. Mais il est vrai que cela ne permet pas aux hôtes d’équilibrer les dépenses incontournables. Alors que faire ? Grandes messes ou humains ? Il y a une solution que je trouve excellente.

 

Les stages « pluridisciplinaires » ! Trois ou quatre animateurs dirigent les cours dans une grande salle et on peut ainsi obtenir des groupes de 50 personnes et plus pour chacun des intervenants. Puis ils laissent la place à d’autres senseis et le week end se passe ainsi. Chaque stagiaire peut ainsi apprendre, suivre, découvrir, partager, s’il le souhaite, dans toutes les disciplines démontrées. Ou bien, il se cantonne à sa discipline de prédilection et peut être une seconde et en ce cas, il n’y a pas de surnombre empêchant de voir les détails pour les « voler » ! Il m’est arrivé aussi d’accéder à la demande de mes hôtes et de démontrer, en plus de mes cours programmés, dans une petite salle annexe, certaines techniques spécifiques à l’attention d’un petit groupe d’une trentaine de stagiaires qui souhaitaient étudier un point très précis. Je l’ai fait en Australie, en Allemagne, en Belgique, ce qui prouve que cela intéresse.

Certes, ces stages sont moins prestigieux sur le plan international car en dehors de la présence de celui qui vous remettra par la suite un titre ou un grade que vous êtes allé quémander. Une faute assez grave d’ailleurs car on ne demande jamais, mais on attend. J’ai vu ainsi des 4ème Dan demander un 5ème après disons 12 ans de pratique totale ! Oui, cela existe hélas. D’autres sont gradés et ne savent même pas se déplacer sur un tatami sans se prendre le pied dans le Hakama par exemple ? Ou encore, de tenir le boken à l’envers devant l’animateur - aussi son professeur - et qui ne reçoit aucune remarque ! J’ai vu un 3ème Dan Aïkido quitter le tatami parce qu’il ne savait pas travailler en Ushiro ! Alors, les stages pour quoi faire ?

 

Cela est simple : faites des stages à échelle humaine, pluridisciplinaires si possible pour apprendre et partager. Pour comprendre et apprécier ce que vous faites. Travailler pour engranger ne serait-ce qu’un détail sur tout le stage. Cela sera bénéfique pour vous. De plus, vous serez confronté à divers gabarits de stagiaires et sortirez ainsi des sensations de votre club ou dojo.

 

Les « grandes messes » ? On n’y apprend rien. Vous faites des connaissances, échangez des cartes de visite qui vous permettront de prendre des contacts, ce sera convivial, sans plus. Certains essaieront de se mettre en valeur pour obtenir ce qu’ils veulent.. Sans doute l’auront-ils, mais ils passent à côté de l’essentiel : l’esprit du Bushido. Et Ils ne font de leur discipline qu’un sport comme les autres. Quelle perte de temps pour l'animateur !

 

Je participe à certaines « grandes messes » à Kyoto ou ailleurs. Je sais pourquoi je vais dans ces réunions. J’y représente mon pays depuis 12 ans maintenant. J’y retrouve des Maîtres devenus des amis et des amis devenus des Maîtres, en toute simplicité, en toute humilité. Mais là, c’est très différent.

Partager cet article
Repost0

commentaires