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6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 15:35

2009.19

 

 

Je reçois ce jour un appel téléphonique d’un garçon qui travaillait avec moi voici près de 15 ans. Âgé de 32 ans, il appartient actuellement à un « groupe » qui applique strictement un programme, une gestuelle, une technicité qui se veulent parfaites et indispensables pour parvenir à être reconnu dans l’élite de « l’Aïkido officiel ». Je sais qu’il existe un livre dessus mais j’avoue n’y voir aucun intérêt.

 

Je vais nommer mon correspondant « Julien ». Il ne faut pas que je lui porte préjudice. Julien me reproche de ne pas l’avoir prévenu que mon travail n’avait rien à voir avec ce qu’il lui est demandé maintenant. Je le cite : « Je transpire énormément, ressens de la fatigue quand je quitte le tatami, j’utilise plus de travail de hanches en Irimi et en kote gaeshi ou dans les projections et apprends de « belles chutes » pour la tolérance de la technique. Je reconnais avoir quelques blessures, normales, mais je me remets vite et je suis devenu très puissant ». Julien dit encore que « le programme technique est très bien pensé car régulier, très physique et fort, efficace donc, et au moins, cela ressemble à un art martial car les adversaires sont écrasés au sol sous la douleur » !

 

Je ne lui ai pas demandé à quel groupe il appartient et où il pratique. C’est son choix. Un choix inquiétant mais je le respecte. Heureusement que j’ai enregistré son discours sinon je pourrais douter de mes oreilles (elles ont 64 ans !). Rassurez vous, j’ai tout effacé depuis y compris son numéro qui est apparu.

 

Je ne vois pas ce qui le fait me contacter après tant d’années. Je n’ai nul besoin de me justifier. J’ai simplement répondu que je lui ai transmis un art martial qui, hors les techniques de base, doit évoluer selon la morphologie de chacun, la situation du moment, l’esprit du travail. Et surtout, que cela reste naturel, sans force brutale ni énergie incontrôlée. Appliquer une technique qui écrase son partenaire (adversaire) au sol en hurlant de douleur, n’est pas ce que j’enseigne. Que l’on puisse souffrir quelque peu sur une technique incisive, cela reste évident. Mais nous ne « combattons » pas, nous ne relevons aucun défi. Si ! Un seul … se faire plaisir et surtout être et durer pour continuer d'apprendre.

 

Je ne cesse de dire à mes élèves de rester naturels, de conserver une certaine éthique, une réelle beauté technique, de respecter l’autre pour ce qu’il est et surtout pour ce qu’il pourra devenir. Travailler avec le sourire est plus difficile que de grimacer sous l’effort. Enfin, que pour nous, cela n’était pas un sport « fédéral » mais un état d’esprit, une culture spirituelle acquise au travers d’un travail technique physique. Que la forme qu’il étudie est sans doute respectable car elle existe, mais que pour nous, l’art de la Paix n’a pas de forme, n’a pas de programme et change constamment. Nous cultivons notre esprit et non pas l’art de détruire notre prochain. Il y a des spécialistes pour cela. Ils ne pratiquent pas les Arts Martiaux mais étudient l’Art de la Guerre. Nous ne sommes pas dans les paras commandos.

 

L'Aïkido n'est ni officiel, ni réel, ni fédéral, ni unique ... mais Universel. Il ne faut jamais l'oublier. Pour en terminer, quelques lignes attribuées à Morihei UESHIBA, fondateur de l’Aïkido. Qu'il soit remercié pour cet art de vivre merveilleux.

 

« Les techniques de la Voie de la paix changent constamment. Chaque rencontre est unique et la réponse appropriée doit émerger naturellement. Les techniques d'aujourd'hui seront différentes demain. Ne vous laissez pas piéger par la forme et l'apparence d'un défi. L'art de la paix n'a pas de forme, c'est l'étude de l'esprit. » …

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