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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 00:50

2009.2010 - Kokyu

 

Au Kobukan Dojo, j’enseigne cinq jours sur sept et il n’est pas un cours où je demande à mes élèves, mes disciples, de faire attention, de prendre soin d’eux et de l’autre. Je voulais donner mon point de vue et je sais qu’il est partagé par beaucoup, même parfois par ceux qui pratiquent la compétition, quelque soit la discipline pratiquée. Je pense à une de mes élèves, une amie qui pratique avec moi le QI GONG. Ecoutons notre corps.

 

Il faut être à l’écoute de celui-ci, faire en sorte connaître ses limites pour ne pas franchir la ligne rouge. « Toujours plus haut, plus vite, plus loin » n’est pas une fin en soi. Cela signifie un surentraînement, des microtraumatismes, du stress, parfois des blessures plus ou moins importantes. Et pour combien de temps ? Trop longtemps certainement. Ne dit-on pas que la « carrière d’un athlète est très courte » ? J’en doute quand je vois les reconversions assurées ou presque, mais en cas d'accident .....

 

Nous demandons à chaque adhésion, la présentation d’un certificat médical. De mon humble avis, c’est un minimum. Et quand un incident est arrivé à l’extérieur (je croise les doigts, chez nous, c’est du domaine de la brûlure légère sur le pied) à l’un de mes élèves, je demande encore un certificat avant la reprise. Devrions nous aussi exiger un « test d’effort » ? Un « doppler » ? Un « IRM » ? Cela fait beaucoup et je le comprends. Surtout que cela n’empêche rien, rassure et risque de donner un effet pervers. Car alors, pourquoi ne pas « croquer la vie à pleine dents » ? Pourquoi ne pas se jeter « à fond la forme » ? Pourquoi ne pas profiter de ce qui nous reste de vie en se dépassant et « montrer de quoi nous sommes capables » ?

 

Est-ce bien utile ? Est-ce là le but de votre vie ? Dans mes cours, je freine souvent ceux que je nomme affectueusement « mes bourrins ». Ou je calme ceux qui se lancent à tout va, ignorants des risques potentiels dans nos disciplines martiales. Ils veulent souvent bien faire. Je préfère « être et durer » et quand je leur dis que l’Aïkido n’est pas un moyen d’apprendre à se défendre, à combattre, à détruire, il arrive que les visiteurs me regardent avec des yeux ronds.

 

Nous apprenons à nous connaître nous-mêmes, à partager, à cultiver un effort sans pousser nos limites extrêmes. Souvent, j’entends : « si on ne transpire pas, c’est que l’on a rien fait » ! Je transpire très peu, sauf l’été. Pourquoi ? Parce que je bois bien plus. Maintenant, si vous voulez tester mon travail sur le tatami, vous pouvez toujours. Il m’arrive de transpirer en Qi Gong ou au Iaido. Pourtant, j'y bouge bien moins qu’en Aïkido. Alors arrêtons ces fadaises. Prenez soin de votre corps, échauffez vous correctement, et ensuite, préparez vous à travailler. Ne forcez jamais inutilement. Il y a un temps pour tout.

 

Regardez en Judo. J'étais judoka et compétiteur. Enormément d’enfants, moins d’adultes, encore moins de compétiteurs « accomplis » et quant aux champions, cela devient une misère, peu d’élus. Et arrivés à un âge avancé, ils se cantonnent dans le travail « senior » ou dans le seul enseignement. J’ai voulu faire pareil au Dojo et après réflexion, je me suis dit que c’était ni plus ni moins que de la ségrégation. Chez nous, tout le monde pratique en même temps dès l’âge de 13 ans, hommes et femmes. Aucune différence car chacun respecte l’autre. N’est-ce pas essentiel et plus intéressant ? Pas de couleurs de ceinture jusqu’au Ikkyu (ceinture marron). Egalité totale. Seule la connaissance technique peut différer, mais le mental, la philosophie martiale, l’étude, sont les mêmes pour tous.

 

Je tenais à faire cet article ayant appris la disparition très récente d’un aïkidoka d’un peu plus de 30 ans. Nous avons perdu des amis, des connaissances, des hommes sous la lumière des projecteurs comme des travailleurs de l’ombre. Il y avait des Maîtres et d’humbles yudanshas.

 

Alors, ne croyez pas que cela ne concerne que vous. Ceux qui restent souffrent et ils n’en ont guère envie. Durez pour partager le plus longuement possible avec vos amis, vos familles, une vie parfois consacrée aux arts martiaux, parfois au sport, souvent à vous-mêmes. Et ce n’est pas du tout de l’égoïsme.

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