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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 20:48

Vietnam avant 1975

 

Ou la légende des gâteaux du TET Vietnamien !

 

Il était une fois, sous le règne du roi Hung le 6ème , le pays vit en paix et le bonheur du peuple vietnamien est rythmé par les tambours de bronze. Mais un jour, le vieux roi appelle ses 18 fils (faut le faire !) et leur tient ces propos : « Je suis maintenant très vieux, fatigué et je me dois de désigner mon héritier. Aussi, cette année, lors de la Fêtes des Ancêtres, je désignerai celui d’entre vous qui m’apportera la meilleure offrande ». Rapidement, les Princes se mettent en quête, parcourant le pays pour découvrir les plus merveilleuses chimères, capturant les oiseaux et animaux les plus rares, ramenant des fonds marins, les trésors les plus précieux, des ravins les plus secrets, les pierres les plus rutilantes.

 

Lang Lieu, dernier enfant du vieux Roi, revient chez lui. Orphelin de mère à sa naissance, il vit à la campagne, travaillant ses rizières et élevant ses buffles. Que peut-il offrir au Roi ? Ne serait-ce que pour participer aux réjouissances. Désabusé, il travaille ses rizières et le riz, précoce, présente un doux parfum. Alors, avec les autres villageois, il moissonne et engrange la récolte. Ils fêtent et savourent le riz nouveau, délicieux, les tambours résonnent pour ce bienfait du ciel.

 

Fatigué, endormi, un génie vient visiter ses rêves, et sa voix résonne « Quoi de plus beau que le riz, principale nourriture de l’homme. N’est ce pas l’offrande la plus précieuse ? ». Aussi, la Fête des Anciens s’annonçant, Lang Lieu parle aux villageois : " Nos ancêtres, nos parents, se sont sacrifiés sans arrêt, leur amour est égal aux bienfaits de notre terre, de nos rizières. Nous allons les honorer en confectionnant des gâteaux de riz. Les premiers avec du riz pilé, sucré avec des graines de lotus et la pâte de coco. Ils seront ronds comme le soleil dans le ciel. Les seconds, carrés, fourrés avec des haricots et du porc, seront cuits dans nos feuilles de bananiers. Ils rappelleront ainsi la richesse de notre terre nourricière".

 

La Fête des Ancêtres à la capitale est là. Lang Lieu et les villageois sont également présents avec cent gâteaux ronds et cent autres carrés. Devant l’autel des Ancêtres, les 17 autres frères alignaient les défenses d’éléphants, les ors et les perles, les plus beaux joyaux comme les plus beaux oiseaux ou animaux, de magnifiques plantes terrestres ou marines. Tant de merveilles sont présentes quand Lang Lieu s’avance à son tour, sous les regards et sourires méprisants de ses frères, pour présenter ses offrandes, de simples gâteaux, au Roi leur père, très attentif.

 

Lang Lieu lui raconte le songe, la symbolique de la forme des gâteaux et leurs compositions. A la surprise de tous, le Roi choisit sans aucune hésitation, l’offrande du plus pauvre et misérable de ses fils, mais le plus sage aussi, pour les dédier aux Génies du Ciel, de la Terre et aux Ancêtres. Le Roi annonce : "Nous nommerons GIAY, le gâteau rond représentant le soleil. Le gâteau carré sera appelé CHUNG pour les nourritures qu’apportent notre terre. Celui qui s’attache à la terre, lui permet de prospérer. Lang Lieu a parfaitement deviné mon souhait, il sera mon successeur".

 

Ainsi, depuis ces temps lointains, quand approche le TET, quand les moissons sont engrangées, vient le temps de la confection des gâteaux sans lesquels la fête du Nouvel An, fêtant les Ancêtres, perdrait toute sa profonde signification.

 

Au cours de ma vie saïgonnaise, je peux vous assurer que ces jours de fête étaient attendues par les gamins et adolescents que nous étions. Vietnamiens, Hindous, Occidentaux, Viet Phap ou Viet Kieu, nous étions gourmands de friandises, de ces gâteaux, des friandises confites et sucrées enveloppées de papiers transparents rouges. Les pétards explosaient dans les rues, les danses acrobatiques des dragons, chimères, suivaient le son des tambours et des cymbales. C’était le temps de mon adolescence. Je ne l‘oublierai jamais. Et comme nous le disons chaque année … CHUC MUNG NAM MOI. 

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